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Alors que les indicateurs de l’emploi salarié restent globalement positifs en France, l’emploi intérimaire continue de reculer, selon les derniers chiffres publiés par la Dares.
L’emploi intérimaire est à nouveau en baisse pour le sixième trimestre consécutif, avec 16 200 intérimaires en moins au 2e trimestre 2024 (-2,2%), après un recul moins marqué au trimestre précédent (-0,5 %).
6e trimestre consécutif de baisse pour l’intérim
Sur les douze derniers mois, l’économie française a crée 78.000 emplois supplémentaires, selon les derniers chiffres de l’Insee. A l’inverse, l’emploi intérimaire a reculé pour le sixième trimestre d’affilée.
L’intérim a ainsi perdu environ 48.700 postes (-6,2%). Surtout, il connaît un net retrait par rapport à l’avant-crise du Covid, avec 40.000 emplois de moins.
D’après les derniers chiffres de la Dares, qui concernent la période de mai 2023 à mai 2024, tous les secteurs d’activité sont touchés par cette baisse de l’emploi intérimaire. Celui-ci a ainsi reculé de 7,8% dans l’industrie (-21.800 postes), de 4,2% dans la construction (-6000 postes) et de 2,5% dans le tertiaire (-9000 postes).
Comment expliquer la baisse de l’emploi intérimaire ?
Ce repli durable de l’intérim pourrait avoir plusieurs explications. D’une part, les entreprises ne recrutent plus aussi massivement qu’en 2022 et 2023. Ainsi, la proportion de chefs d’entreprise déclarant avoir du mal à recruter n’est plus que de 33% cette année, alors qu’elle était de 58% en juillet 2023. Les employeurs ont donc moins besoin de recourir aux sociétés de travail temporaire pour compléter leurs effectifs, en attendant de recruter du personnel permanent.
Les difficultés de l’industrie automobile sont une autre explication possible de cette baisse de l »intérim. Alors que 10% des 400.000 salariés de ce secteur sont des travailleurs temporaires, ceux-ci sont les premiers à subir la réduction de l’emploi de constructeurs qui font face à la chute des ventes, à la concurrence chinoise et aux coûts de la transition vers l’électrique. Autres gros client de l’intérim, la construction et le bâtiment sont aussi en crise et l’activité ralentit.
Enfin, de façon plus conjoncturelle, les Jeux olympiques ont provoqué l’arrêt de tous les chantiers en Île-de-France.
Un mauvais présage pour l’emploi en général ?
Bien que représentant une part réduite de l’emploi salarié – entre 2 % et 3 % –, l’intérim est un indicateur conjoncturel avancé de l’évolution de l’activité économique, rappelle la Dares, car il constitue la composante de l’emploi salarié la plus sensible à l’évolution du climat économique, variant rapidement à la hausse ou à la baisse en fonction de l’activité.
La baisse de l’emploi intérimaire pourrait donc annoncer un tassement de l’emploi en général dans les mois qui viennent, ce que les dernières prévisions économiques de la Banque de France semblent confirmer : « l’emploi se replierait à partir du troisième trimestre jusqu’à fin 2025. Il serait affecté avec retard par le ralentissement de l’activité et par le rétablissement partiel des pertes de productivité observées depuis la période Covid-19″.
Crédits photos : Iryna, AdobeStock